La violence conjugale dépasse les murs de la maison et s’immisce jusque dans les lieux de travail. C’est ce qui est ressorti du Forum sur la violence conjugale tenu récemment.
« Selon une enquête réalisée à l’échelle nationale pour le Congrès du travail du Canada, la violence conjugale est un problème important pour nos membres », a déclaré Robyn Benson, présidente nationale de l’AFPC, lors du forum.
« Les syndicats et les employeurs ont des responsabilités envers les victimes de violence conjugale. Et c’est pour cette raison que nous avons organisé ce forum. Nous sommes d’ailleurs le premier syndicat à le faire.
À la fin du forum, les déléguées et les conférencières se sont entendues sur un point : il faut entreprendre les importants travaux qui permettront de rendre les milieux de travail plus sécuritaires.
Des statistiques alarmante
La violence conjugale est un fléau qu’il faut combattre sans relâche. Plus du tiers des travailleuses canadiennes (37,6 %) ont été victimes de violence conjugale et 7 % le sont actuellement. Cela signifie que sur les 100 000 femmes membres de l’AFPC, au moins 7 000 d’entre elles vont travailler en laissant derrière elles un conjoint violent.
Quand la violence conjugale vous suit au travail
La violence conjugale ne s’arrête pas au seuil de la porte du domicile familial. L’enquête du CTC a révélé que les victimes peuvent :
- faire l’objet de mesures disciplinaires en raison des retards, des absences ou du mauvais rendement qu’entraîne leur situation;
- perdre leur emploi et leur indépendance financière;
- continuer de se faire agresser ou menacer, par courriel ou par téléphone, ou même traquer par le harceleur.
- se sentir isolées de leurs collègues, qui ne comprennent pas ce qui se passe.
Pour conscientiser les gens à cet enjeu et offrir des outils, le CTC a mis en ligne récemment un Centre de ressources sur la violence conjugale.
Créer des liens entre les femmes
Le Forum était un lieu de discussions et d’échanges entre les membres, les dirigeantes élues et le personnel. Des femmes de partout au pays y ont participé.
Également au programme, des exposés faits par des militantes syndicales, des universitaires, des représentantes de maisons de transition et de services d’aide ainsi que des membres de l’Association des femmes autochtones du Canada et du Réseau d’action des femmes handicapées.
Les participantes veulent des actions concrètes
- Il faut parler de cette problématique à la table de négociation.
- Il faut combattre ce fléau par des réformes législatives, la mobilisation et l’action politique.
- Il faut tenir compte du vécu des femmes autochtones, de celles ayant un handicap, des immigrantes, des lesbiennes et des transgenres.
- Il faut ajouter cette question aux programmes des conférences régionales et nationales des femmes.
- Il faut concevoir des outils de sensibilisation.
- Il faut collaborer davantage avec des groupes de femmes et d’autres partenaires communautaires.
Témoignage de Maria Fitzpatrick
Maria Fitzpatrick, conférencière au Forum, a ému les participantes en racontant sans détour son passé de victime de violence conjugale (anglais seulement).
Ancienne vice-présidente exécutive régionale de l’AFPC pour la région de la capitale nationale, elle siège maintenant à l’Assemblée législative de l’Alberta comme députée néodémocrate.
« J’ai quitté la maison trois fois avec mes enfants. Je suis allée dans un refuge deux fois. On ne peut pas y rester longtemps, alors j’avais le choix : retourner à la maison ou vivre dans la rue. À la maison, la violence augmentait. Les menaces, qu’il aurait pu exécuter à tout moment, étaient plus fréquentes et plus intimidantes. Des os brisés, des yeux au beurre noir, des agressions sexuelles et deux fausses couches : ce ne sont que quelques-unes des atrocités physiques que j’ai subies.
« Si, en voyant quelqu’un au travail, vous sentez que quelque chose ne tourne pas rond, vous devez agir. Si la personne tente de camoufler des bleus avec du maquillage ou des manches longues, offrez-lui votre appui. Dites-lui que vous pouvez l’aider à s’en sortir, et à s’en sortir vivante.
« Les employeurs doivent adopter des plans qui aideront les victimes de violence conjugale à se sentir en sécurité et à refaire leur vie. Mais, comme ils ne font pas toujours ce qu’ils devraient faire, c’est à nous de prendre position.
« La violence sert à intimider, à nous empêcher de parler ou d’agir. Il faut que ça arrête. Nous devons tous et toutes prendre nos responsabilités. »
Au début de 2016, l’AFPC étudiera les conclusions du Forum et mettra au point une stratégie.